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Pourquoi ne pas miser uniquement sur les liquidités ?

14 octobre 2024
3 min read
Inigo Fraser Jenkins
Inigo Fraser Jenkins Investment Strategist

Les fonds du marché monétaire ont sans conteste constitué la classe d’actifs la plus prisée en 2024, avec plus de 570 milliards USD de capitaux entrants. Les perspectives d’investissement à long terme rebattent-elles les cartes ?

Au 11 septembre 2024 Source : EPFR

La popularité des marchés monétaires, tout sauf surprenante

Ces derniers temps, les investisseurs ont enfin pu obtenir un rendement décent sur leurs liquidités, après de nombreuses années d’une politique de taux d’intérêt nuls. Les bons du Trésor américain à trois mois ont affiché un rendement supérieur à 5 % durant la majeure partie de l’année écoulée, soit largement plus que la moyenne des 15 dernières années.* Néanmoins, les premières sorties de capitaux au détriment des fonds monétaires ont été enregistrées sur ces six derniers mois. Un constat largement éclipsé par les afflux de ces dernières années, mais suggérant peut-être que les investisseurs tirent la différence d’une autre classe d’actifs.

Les fonds actions et obligataires ont enregistré une hausse des flux entrants cette année, les fonds actions internationaux attirant 390 milliards USD depuis le début de l’année.* Les flux entrants au bénéfice des actions, portant principalement sur les États-Unis, ont été alimentés en partie par les espoirs de rendement liés à l’IA, mais aussi par le considérable soutien budgétaire mis en place et par l’absence de récession. Une situation qui ne manque toutefois pas d’inquiéter certains investisseurs. Ceux-ci s’alarment en effet des niveaux de valorisation, particulièrement sur fond de taux durablement élevés.

* Au 11 septembre 2024 Source : Bloomberg et EPFR

Les fonds du marché monétaire, grands favoris

L’analyse du passé n’est pas une garantie de résultats futurs.

Au 11 septembre 2024 | Source : EPFR et AB

Des perspectives plus prudentes vis-à-vis des actifs risqués largement justifiées

Risque de ralentissement aux États-Unis
Multiples de valorisation des actions supérieurs aux moyennes historiques
Anticipations de bénéfices du consensus peut-être trop optimistes
Risque géopolitique élevé
Marché actions américain étroit, dont la performance est tirée par une poignée de titres technologiques
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Au vu du niveau élevé des rendements des liquidités, la question suivante a souvent été posée au cours de l’année écoulée : si je peux gagner plus de 5 % grâce à des actifs sans risque, pourquoi acheter autre chose ?

La réponse se trouve selon nous dans les perspectives d’investissement à long terme

Certes, les investisseurs qui s’inquiètent des niveaux de valorisation des actions disposent d’arguments tactiques justifiant la détention de liquidités, ou à tout le moins d’autres instruments obligataires, mais le raisonnement n’est pas le même sur un horizon à plus long terme. L’inflation devrait se stabiliser à un niveau supérieur à sa moyenne de ces 30 dernières années, et ce pour trois grandes raisons : une population vieillissante, la démondialisation et le coût de la transition énergétique.

Dans un monde marqué par une inflation structurellement plus élevée, la plupart des investisseurs auront comme priorité le maintien de leur pouvoir d’achat. Selon nous, cela impliquera de prendre davantage de risques. La nécessité d’encourir un plus grand risque d’investissement dans le but de retarder le problème plus important qu’est la perte de pouvoir d’achat deviendra une caractéristique clé de la façon dont les investisseurs s’adaptent au nouveau régime d’investissement.

Ce plaidoyer en faveur des titres boursiers ne trouve pas sa source dans leurs solides performances récentes, aux États-Unis particulièrement, mais dans le fait qu’ils offrent l’une des meilleures couvertures contre l’inflation à long terme. Dans un contexte d’inflation modérée, les entreprises ont été en mesure d’accroître leurs bénéfices réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation, en répercutant la hausse des coûts sur leurs clients. Partant, elles sont à même d’enregistrer des performances réelles positives.

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Dans un contexte d’inflation modérée, les entreprises ont été en mesure d’accroître leurs bénéfices réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation.

En conséquence, le rendement des actions a surpassé tant celui des liquidités que l’inflation

Depuis les années 1960, les actions américaines ont enregistré une performance de 10,3 % en termes annualisés, contre 4,4 % pour les liquidités, avec une inflation à 3,75 %. Il est indéniable que les actions ont été l’une des clés de l’accumulation de richesse à long terme.

Les rendements futurs des actions seront probablement moins importants qu’ils ne l’ont été ces derniers temps, endigués par des valorisations de départ supérieures à la moyenne et un environnement macroéconomique bien moins porteur. Mais nous anticipons tout de même un rendement nominal de 7 % à l’échelle mondiale sur la prochaine décennie, soit une prime considérable par rapport au rendement historique des liquidités et un niveau supérieur à l’inflation. Les liquidités, quant à elles, devraient générer un rendement similaire à l’inflation.

La demande en actions provient également d’une autre source importante, à savoir les entreprises, via les rachats d’actions. Sur les dix dernières années, les entreprises ont représenté les plus importants acheteurs d’actions américaines, dépassant la demande des investisseurs, une tendance qui ne semble pas devoir faiblir. Nous sommes d’avis que cette réduction progressive de l’offre d’actions est un facteur de soutien supplémentaire.

Les prévisions actuelles n’offrent aucune garantie quant aux rendements futurs.

Source : AB, au 1er octobre 2024

Surperformance historique des actions

Les rendements ne resteront pas éternellement élevés, et la détention de liquidités ne sera alors plus aussi intéressante.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale a commencé à réduire ses taux, avec une intervention de 50 pb en septembre. Les taux continueront probablement de baisser sur l’année à venir, ce qui atténuera probablement l’attrait des liquidités.

Les analyses historiques et les prévisions actuelles n’offrent aucune garantie quant aux rendements futurs.

Au 19 septembre 2024. Source : Bloomberg

En bref...

Si les liquidités peuvent avoir un rôle à jouer à court terme pour les investisseurs préoccupés par le niveau élevé des valorisations, ces derniers seraient bien avisés de rééquilibrer leurs portefeuilles au profit d’actifs plus risqués à long terme, afin de contrer le risque accru de perte de pouvoir d’achat. Nous estimons donc que les actions conserveront une place de choix dans les portefeuilles des investisseurs en quête d’accroissement de richesse.

Inigo Fraser Jenkins
Inigo Fraser Jenkins Investment Strategist

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Les opinions ici exprimées ne sauraient être considérées comme une recommandation en vue de réaliser une quelconque transaction, un conseil en investissement ou le résultat de recherches. Elles ne reflètent pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des équipes de gestion de portefeuille d’AB. Les opinions peuvent évoluer au fil du temps.