Five Things Investors Should Know About Hydrogen

05 mars 2021
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« L’économie de l’hydrogène » suscite un intérêt grandissant. Le Japon s’est associé à 30 pays pour créer un réseau de 10 000 stations de ravitaillement en hydrogène à l’horizon 2030. La France et l’Allemagne ont investi des milliards de dollars dans une transition vers l’hydrogène dans le cadre de leur plan de relance post-Covid. Enfin, le gouvernement australien a créé l’an dernier un fonds pour financer le développement d’une filière de l’hydrogène.

Même si l’hydrogène n’est pas une solution miracle qui permettra à la société d’atteindre instantanément la neutralité carbone, nous pensons qu’il deviendra probablement une composante importante du mix énergétique mondial d’ici une vingtaine d’années. Voici ce que doivent savoir les investisseurs :

Plus propre et plus léger que les combustibles traditionnels

Cinq points clés au sujet de l’hydrogène qui peuvent aider à cerner les enjeux en matière d’investissement :

1. Cette technologie n’est pas une nouveauté. Le moyen le plus simple de produire de l’hydrogène consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau, ce qui crée de l’énergie qui libère de l’hydrogène et de l’oxygène. L’électrolyse de l’eau est une invention qui remonte à 1800. En 1869, l’ingénieur en génie électrique belge Zénobe Gramme a inventé une machine permettant de produire de l’hydrogène à moindres frais. Le procédé chimique est simple et la voie technologique bien balisée.

La conversion des énergies renouvelables en hydrogène a débuté dans les années 1930, lorsque Norsk Hydro, dans son usine de Rjukan en Norvège, a eu recours à l’hydroélectricité pour produire de l’hydrogène afin de fabriquer des engrais à base d’ammoniaque. Dans le siècle actuel, la conversion des énergies renouvelables en ammoniaque sera l’une des prochaines étapes du « verdissement » des groupes industriels internationaux, avec la possibilité de remplacer 175 millions de tonnes par an d’ammoniaque produite à partir de combustibles fossiles. Il s’agit également d’un carburant de rechange crédible pour le transport maritime et d’un combustible de substitution pour les centrales électriques à charbon.

2. Le poids a son importance. L’hydrogène est le plus léger des atomes du tableau périodique des éléments. Cela en fait un carburant très utile pour le transport car un kilogramme d’hydrogène contient en gros trois fois plus énergie qu’un litre de diesel et 100 fois plus d’énergie que celle contenue dans les batteries actuellement fabriquées par Tesla.

Lorsque le poids a son importance, l’hydrogène peut être le carburant idéal. Voilà pourquoi la NASA a choisi l’hydrogène comme carburant de la fusée Saturn V utilisée dans le cadre de la mission Apollo 11, dont l’équipage a été le premier à se poser sur la Lune. Plus récemment, le constructeur automobile sud-coréen Hyundai a lancé un modèle fonctionnant à l’hydrogène, la Nexo, qui a une autonomie supérieure à 600 kilomètres grâce à seulement six kilogrammes d’hydrogène.

Cet avantage en termes de poids a amené Airbus à annoncer que sa future gamme d’avions neutres en carbone serait principalement dotée de moteurs à hydrogène. Sur le terrain, les parcs automobiles et poids lourds du futur pourraient bien être dotés de moteurs à pile à hydrogène (pour l’autonomie) et de batteries (pour la puissance). Si les conducteurs veulent l’autonomie et la puissance d’une fusée, il est logique d’utiliser le carburant d’une fusée.

3. L’hydrogène renouvelable n’est pas économique aujourd’hui. Même si nous pensons que l’hydrogène vert est promis à un bel avenir, il n’est pas économique pour le moment. Par rapport à ses concurrents directs dans le domaine du transport, il est deux à quatre fois plus cher que les solutions les plus compétitives pour le stockage et le transport d’énergie. Dans les processus industriels existants qui ont recours à l’hydrogène comme source d’énergie, l’hydrogène « vert » n’est pas compétitif par rapport à son concurrent, l’hydrogène « gris » à forte intensité carbone, qui est généralement issu du vaporeformage du gaz naturel.

La bonne nouvelle est que l’on attend des améliorations spectaculaires à cet égard.

4. Quatre facteurs qui amélioreront la compétitivité de l’hydrogène vert. Premièrement, à mesure que cette industrie se développera, les usines verront leur taille augmenter et les inévitables économies d’échelle qui en découleront feront baisser le prix de revient unitaire. Deuxièmement, la multiplication des usines favorisera une meilleure expertise technologique. On constate déjà les avantages en termes de coûts de l’utilisation de membranes électrolytiques polymères dans la fabrication des électrolyseurs. Troisièmement, la nature intermittente des énergies renouvelables lui confère un créneau naturel sur le marché. Dans certains pays où les éoliennes et les panneaux solaires sont désormais mieux intégrés au réseau électrique, il arrive que les prix spot de l’électricité deviennent négatifs pendant les périodes de surproduction (lorsque les conditions météorologiques sont idéales pour maximiser la production renouvelable). Cette surproduction peut être transformée en hydrogène. Dans la mesure où l’électricité est le principal coût variable de l’hydrogène, cela réduit spectaculairement le seuil de rentabilité à court terme.

Enfin, les pouvoirs publics sont davantage disposés à soutenir la filière de l’hydrogène. Les « banques vertes » augmentent leurs financements à la filière de l’hydrogène, ce qui permet de couvrir le coût du capital et d’accélérer les trois facteurs susmentionnés. De plus, l’application des prix du carbone dans certains marchés aura pour effet de resserrer l’écart de coût entre l’hydrogène et les combustibles fossiles concurrents.

5. De nombreuses entreprises susceptibles d’en profiter existent déjà. À ce stade, le défi pour les investisseurs consiste à les identifier. D’après nous, l’hydrogène aura de vastes répercussions sur un large éventail d’entreprises dans le monde entier. On ne sait pas encore quelles entreprises en profiteront le plus mais il est possible d’énumérer les caractéristiques qu’elles devront présenter pour saisir cette opportunité. Il s’agira ensuite d’examiner les différents maillons de la filière de l’hydrogène pour identifier les entreprises qui répondent à ce profil (Illustration).

Hydrogen Value Chain: Where to Start Looking for Opportunities



Quels types d’entreprises peuvent appartenir à l’univers d’investissement de l’hydrogène ? Les distributeurs de carburant qui disposent de nombreuses stations-service implantées sur le réseau routier pouvant être converties pour vendre de l’hydrogène à l’avenir, les fournisseurs de gaz naturel qui possèdent des réseaux de gazoducs pouvant être convertis pour acheminer l’hydrogène ou les propriétaires d’usines de transformation du gaz naturel pouvant être reconverties dans la production d’hydrogène ou accueillir des unités dédiées en sont quelques exemples.

Comment les investisseurs peuvent se préparer

Les fondations de l’économie de l’hydrogène commencent à peine à être posées. Néanmoins, l’hydrogène mérite que l’on s’y intéresse sur un horizon de vingt ans étant donné l’impact considérable qu’il peut avoir sur l’industrie, les modes de vie des consommateurs et les portefeuilles d’investissement. Les investisseurs peuvent commencer à se préparer dès aujourd’hui en comprenant comment différentes entreprises peuvent être exposées à la chaîne de valeur de l’hydrogène. À mesure que la technologie et le marché de l’hydrogène parviendront à maturité, des connaissances et des recherches spécialisées seront nécessaires pour évaluer les atouts techniques et financiers des différents titres.

Les opinions ici exprimées ne sauraient être considérées comme une recommandation en vue de réaliser une quelconque transaction, un conseil en investissement ou le résultat de recherches. Elles ne reflètent pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des équipes de gestion de portefeuille d’AB et peuvent évoluer à tout moment.