Comment choisir un portefeuille d'actions durables

02 mars 2021
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Les investisseurs se tournent de plus en plus vers les fonds en actions durables, dont la collecte a atteint de nouveaux records en 2020. Mais choisir un gestionnaire d’actions durables reste une gageure. Face à ce constat, nous expliquons dans cet article comment les investisseurs doivent orienter leur recherche pour identifier des portefeuilles répondant à leurs objectifs d’investissement responsable.

Les actions durables jouissent d’une popularité croissante. Fin 2020, l’encours total au niveau mondial des fonds en actions durables de type ouvert atteignait 1 000 milliards de dollars, selon Morningstar. La prise de conscience croissante des questions environnementales, sociales et de gouvernance, alliée aux enseignements tirés de la pandémie, a contribué à accélérer l’essor de l’investissement durable.

Cependant, il est peut-être plus difficile que jamais de choisir un portefeuille d’actions durables. Selon Morningstar, environ 2 300 fonds en actions durables sont proposés désormais au niveau mondial. Dans ce contexte, comment les investisseurs peuvent-ils arbitrer entre des stratégies concurrentes et identifier celles qui sont les plus conformes à leur éthique de responsabilité et à leurs objectifs d’investissement ? Pour commencer, il convient de se poser les trois questions suivantes.

1. Que signifie pour vous la durabilité ?

La durabilité revêt une signification différente selon les personnes. Pour certains, elle consiste à effectuer un filtrage positif au sein d’un indice de référence afin d’identifier des entreprises présentant certaines caractéristiques, par exemple, des sociétés au sein desquelles les femmes représentent 50% du conseil d’administration. D’autres peuvent vouloir améliorer les résultats environnementaux et sociaux et rechercher dès lors un portefeuille investi dans des sociétés dont les produits ou services contribuent à ces objectifs.

Mais tous les portefeuilles durables ne font pas clairement apparaître comment la durabilité est intégrée dans leur processus d’investissement. Dès lors, les investisseurs doivent cibler des gestionnaires adoptant une définition claire et cohérente de la durabilité afin de savoir exactement ce qu’ils leur proposent. De nombreux gestionnaires d’investissement se réfèrent aux Objectifs d’investissement durable (ODD) des Nations unies. Mais face à l’étendue des concepts couverts par ces derniers, les investisseurs ont besoin d’un plan d’action concret afin d’élaborer, à la lumière des ODD, des idées d’investissement exploitables. À nos yeux, les ODD représentent des opportunités d’avenir qui peuvent éclairer les choix d’investissement et aider à définir un univers de placement.

2. Comment les facteurs ESG sont-ils pris en compte dans le processus d’investissement ?

L’investissement responsable est aujourd’hui symbolisé par l’acronyme ESG. Mais cet acronyme, aussi accrocheur soit-il, ne suffit pas à établir un processus clair. Selon nous, les facteurs ESG doivent être considérés comme faisant partie intégrante de la proposition de valeur d’une entreprise. Autrement dit, il est impossible d’évaluer une entreprise sans tenir compte des facteurs ESG. Qu’il s’agisse des risques liés au changement climatique, de la diversité ou d’une bonne gouvernance, les facteurs ESG peuvent influer considérablement sur les résultats financiers d’une entreprise et doivent être dûment pris en compte dans le processus d’évaluation des investisseurs.

Aujourd’hui, de nombreux investisseurs se fient à des notations ESG provenant de sources tierces pour évaluer la durabilité d’une entreprise. Mais ces notations ne définissent pas à elles seules la durabilité, ni ne reflètent véritablement, selon nous, l’impact d’un investissement durable. Si ces notations peuvent jouer un rôle important dans un processus d’investissement durable, elles comportent aussi des failles. Par exemple, les notations ESG ne répondent à aucune méthodologie standard, de sorte qu’elles peuvent varier radicalement selon les agences. Alors qu’on observe une corrélation d’environ 90% entre les notations de crédit attribuées aux émetteurs par les agences, la corrélation des notations ESG des actions est inférieure à 50%. Et dans la mesure où les notations ESG se fondent sur des informations publiquement disponibles, elles tendent à récompenser les entreprises à même de satisfaire aux exigences de reporting, plutôt que celles affichant les meilleures pratiques. C’est pourquoi les gestionnaires durables doivent faire la preuve de leur capacité à évaluer les facteurs ESG de manière indépendante au niveau des entreprises. Les investisseurs doivent privilégier ceux qui, au-delà des notations fournies par les agences, mènent leurs propres recherches afin d’évaluer les entreprises candidates à l’investissement et celles déjà présentes en portefeuille au regard des considérations ESG importantes.

3. La stratégie inclut-elle des actions d’engagement ?

L’engagement auprès des dirigeants d’entreprises est l’une des principales tactiques employées par les gestionnaires d’actions actifs pour promouvoir des changements positifs. Cependant, les stratégies d’engagement peuvent revêtir différentes formes. Certains gérants de portefeuille semblent enclins à penser qu’il suffit d’envoyer un e-mail à une entreprise pour faire preuve d’engagement, même s’il reste sans réponse. Nous ne souscrivons pas à ce point de vue. Selon nous, l’engagement consiste à établir un partenariat constructif avec les équipes de direction afin de promouvoir des avancées dans différents domaines sur le long terme. Cela ne signifie pas nouer des liens d’amitié avec les dirigeants, mais plutôt des relations permettant aux investisseurs d’influer sur les décisions prises et de promouvoir des changements positifs, souvent en lien avec des questions controversées, dans le respect mutuel. Ce type d’engagement nécessite du temps, de la patience et des efforts renouvelés au fil des ans. Les investisseurs doivent être conscients que les changements de fond ne surviennent pas du jour au lendemain.

Plutôt que d’adopter une attitude combative, ce type d’approche est souvent plus efficace pour persuader les entreprises d’agir efficacement en faveur d’un avenir plus durable. Nous sommes convaincus que le fait de promouvoir activement des changements positifs contribue en fin de compte à améliorer les résultats des entreprises et à accroître leur potentiel de rendement à long terme.

Ces trois questions constituent un point de départ. Des réponses claires permettront aux investisseurs de filtrer le vaste univers des fonds en actions afin d’identifier des stratégies durables clairement définies à même de générer des rendements à long terme.

Les opinions ici exprimées ne sauraient être considérées comme une recommandation en vue de réaliser une quelconque transaction, un conseil en investissement ou le résultat de recherches. Elles ne reflètent pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des équipes de gestion de portefeuille d’AB et peuvent évoluer à tout moment.