Le détail des mesures adoptées n’a pas encore été communiqué. Néanmoins, en fixant son objectif final et en annonçant un cadre temporel sur plusieurs décennies, Pékin se joint aux efforts internationaux déployés pour lutter contre le réchauffement de la planète. L’annonce a été saluée par les partisans des politiques écologiques : en effet, la Chine produit à elle seule plus d’un tiers du CO2 émis dans le monde, si bien que son absence dans le combat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre réduirait presque à néant les efforts internationaux.
Pour les investisseurs, les conséquences de cette annonce sont impossibles à ignorer. Le plan 2060 poursuivi par la Chine reflète sa vision de l’évolution du paysage de la production manufacturière à l’horizon des 40 prochaines années. Toutefois, étant donné l’incertitude qui plane encore et le manque de visibilité sur la façon dont ces mesures vertes seront déployées, il conviendra de prêter une grande attention aux détails, dès qu’ils seront dévoilés.
Un air de déjà vu ?
Les sceptiques rappellent que, par le passé, la Chine n’a pas honoré ses promesses dans le domaine de l’environnement : les précédentes mesures engagées par Pékin pour réduire l’intensité carbone de l’économie ont souvent fait long feu sous le coup de plusieurs crises économiques. Ainsi, au cœur de la pandémie de coronavirus l’an passé, la Chine a renoué avec son ancien modèle axé sur des dépenses d’infrastructures massives, fermant les yeux sur les courbes de pollution pour permettre aux usines de rester ouvertes et de sauver des emplois.
Un certain doute est donc permis. Cependant, si la guerre de la Chine contre la pollution n’est pas une nouveauté, l’arme choisie est, elle, inédite. Cette fois, le gouvernement central semble établir un programme politique calculé pour atteindre ses objectifs. Le plan 2060 étend le pouvoir décisionnel au-delà des ministères centraux jusqu’aux instances des provinces et des villes, ce qui témoigne de la profondeur politique de cet engagement environnemental.
La neutralité carbone de la Chine coïncide également avec ses ambitions politiques en matière d’autosuffisance technologique. La hausse des salaires et la diminution de la main-d’œuvre rendent une restructuration en faveur d’un mix de production d’énergie plus respectueux de l’environnement de plus en plus vitale. Ces ambitions devraient se répandre à travers tous les secteurs pour redéfinir le « made in China » et en faire le synonyme d’une production manufacturière à haute valeur ajoutée et d’indépendance vis-à-vis de l’Occident en termes d’innovation.
Comment seront mises en œuvre les politiques de neutralité carbone ?
Malgré les rares informations disponibles à l’heure actuelle, nous commençons tout de même à avoir une idée plus concrète de l’implémentation de ces politiques d’ici 2030. Si la croissance économique restera prioritaire, des mesures plus fortes devraient être adoptées afin de réduire son intensité carbone (Graphique).